Le système des castes

      L’hindouisme, religion de 80% de la population a un impact direct sur la structure sociale et notamment sur la division de la société en castes.
 
L’appartenance à une caste dépend avant tout de la naissance. En effet, en fonction de ce critère l’individu est positionné dans une caste et dans une sous-caste. Avec le temps, s’est établie une sorte de « hiérarchie » sociale caractérisée par des privilèges et des devoirs bien déterminés. Le pouvoir est bien entendu entre les mains des castes les plus « hautes » dans la hiérarchie.
 
 
  Les castes : un pilier de la société indienne
 
  On ne retrouve pas toutes les castes partout en Inde. Certaines sont propres à un lieu, à une région. L’idéologie de la caste c’est d’affirmer que les hommes sont fondamentalement inégaux et que chaque individu a le devoir d’accomplir sa tâche, celle qui lui est attribuée par rapport à son rang et par rapport à sa naissance. Si un individu naît dans une caste, il ne peut pas en changer. D’ailleurs, encore aujourd’hui, on se marie de préférence dans la même caste, voire dans la même sous-caste.
 
  À l’origine, il n’existait que quatre castes principales en Inde ; chacune d’elle comprenant des sous-castes :
 
- Les brahmanes : composée de prêtres, cette catégorie représente le sommet de la hiérarchie ;
 
- Les kshatriyas : les guerriers ;

- Les vaishyas : les commerçants et les artisans ;

- Les sudras : il s’agit du reste de la population. Ils se trouvent au plus bas de l’échelle ; toutefois, la catégorie n'inclut pas les « intouchables » (ou Dalits). Leur rôle dans la hiérarchie indienne est de servir les castes supérieures.
 
Triangle des castes
 
Qui sont les intouchables ?
 
   Également appelés Dalits, il s’agit de la partie de la population qui ne faisait partie d’aucune caste. Ils descendent des tribus qui vivaient en Inde avant l'invasion aryenne. Les intouchables sont exclus et amenés à réaliser les travaux les plus dégradants ; des tâches humiliantes qu’aucun membre d’une autre caste n’accepterait. Parmi ces activités on compte des métiers comme boucher ou sage-femme, qui sont en contact direct avec le sang et sont donc considérés comme impurs. Parmi les intouchables on compte aussi les mendiants, les chasseurs, les pêcheurs, etc.
 
 
La hiérarchisation des castes
 
  Les castes sont interdépendantes. Ainsi pour perdurer, chacune d’elle a besoin de celle en dessous.
 
 
Le pur et l’impur
 
  Il est bon à savoir que dans la réalité, il existe plusieurs sous-castes et c’est en partie de là que vient la complexité du système social en Inde. La hiérarchisation des castes va de pair avec le travail et son mode de vie. Ainsi le brahmane ayant une activité religieuse et intellectuelle et étant végétarien, est plus pur qu’une personne de la caste des guerriers qui elle mange de la viande, se bat, tue, mais ce dernier est plus pur qu’un marchand de tissus par exemple, puisqu’il est dans la caste inférieure et ainsi de suite.
 
 
 La situation actuelle
 
   En réalité, l‘idéologie fondée sur l’hérédité et l’interdépendance est altérée de nos jours. En effet, si on fait partie de la caste des blanchisseurs, cela ne veut plus dire que l’on exercera le métier de blanchisseur. On peut tout à fait exercer un métier de qualité supérieure. Il n’existe pas d’adéquation radicale entre le métier et la caste. La mobilité sociale fait qu’on n’exerce pas toujours le métier associé à notre caste d’appartenance, c’est ce qui a complètement bouleversé l’interdépendance des castes mais aussi la hiérarchisation. Les castes recherchent chacune leur ascension socio-économique. Aujourd’hui elles ont tendance à se transformer en groupes ethniques, en lobbies, en partis politiques, voire même en classes sociales et à tenter de se faire entendre sur la scène politique et médiatique.
 
  Tous ces mouvements, qu’il importe de suivre de près, montrent bien la capacité de renouvellement et de revitalisation des castes tout en s’adaptant à la réalité de l’Inde contemporaine.
 
 
Vers la fin du système des castes ?
 
   Les intouchables se sont traditionnellement vus attribuer les tâches les plus dégradantes, telles que la manipulation des cadavres ou le nettoyage des toilettes. Si la discrimination positive que l’on expliquera ensuite a permis de faire évoluer les mentalités et d’améliorer considérablement les perspectives d’emplois des Dalits, il reste encore beaucoup à faire pour une réelle intégration de ces populations au sein de la société indienne. Souvent, la vie de ces personnes, leur travail, consiste à récurer des toilettes en se couvrant le visage - c’est notamment le cas pour les femmes Valmiki, la communauté la plus basse parmi les intouchables. Les Valmiki n’ont pas le droit de montrer leur visage, ni d’entrer en contact avec les castes supérieures et encore moins de toucher leurs objets. Les castes supérieures ne s’abaisseraient en aucun cas à accomplir leurs tâches : chacun son rôle, chacun sa place. Les membres des basses castes vivent en dehors du village et pour boire, ils doivent se contenter de points d’eau insalubres [1].
 
   « Intouchable », ce mot s’apparente donc à une marque indélébile qui stigmatise les membres de cette caste tout au long de leur vie et régit n’importe quelle interaction sociale, et ce très souvent à leur défaveur. Il suffit d’un nom, que ce soit le vôtre ou celui de votre village, pour que votre interlocuteur devine sans mal à quelle caste vous appartenez… et modifie son comportement en fonction. [2] On est en droit de se demander comment, dans un pays qui affiche une des croissances économiques les plus rapides au monde, des traditions aussi archaïques et dégradantes peuvent encore perdurer. La discrimination selon la caste est interdite par la Constitution mais dans les campagnes, où vit 70 % de la population indienne, les traditions ont la vie dure et gare à ceux qui voudraient changer l’ordre établi.
 
                   Dans le sillage de l’indépendance, l’article 17 (promulgué en 1949) mettait fin à ce « classement des êtres selon leur degré de dignité » [3], en instaurant l’abolition de l’intouchabilité « sous toutes ses formes ». Toujours dans cet esprit réformateur, l’Inde a décidé de mettre en place une discrimination positive transitoire, une sorte d'outil de réajustement démocratique [4]. Elle repose sur un système de quotas visant à instaurer une représentation satisfaisante des castes, des hors-castes et des tribus dans les assemblées législatives. Dans les années 1980, cette mesure a été renforcée afin de favoriser l’accès à l’emploi des « autres castes arriérées » (other backward castes), les basses castes qui ne représentent pas moins de 54 % de la population indienne. La discrimination positive, d’abord pensée comme un mécanisme transitoire, est devenue constitutive du fonctionnement administratif et politique du pays. Pour l’heure, il n’est pas question d’y mettre fin, ce que l’on peut considérer, d’une certaine manière, comme étant la preuve de son inefficacité. Car cette politique présente des failles bien réelles : elle n’a pas permis de mettre un terme à la reproduction des élites, le nombre d’individus provenant des « basses castes » au sein de l’appareil exécutif reste, somme toute, dérisoire et la discrimination positive aura conduit à une forme de clientélisme. [5] Ainsi, si pour certains, ce procédé aura permis l’émergence d’une élite Dalit, l’amélioration du sort des basses castes reste encore largement insuffisante. Par ailleurs, cette politique aura eu comme effet pervers de renforcer les divisions entre les castes, les classes moyennes se sentant menacées dans leurs privilèges.
 
 
 
 
 [1]  Inde, les castes ont la vie dure, journal de 20 heures, France 2, vidéo ajoutée le 11 septembre 2012.
 [2] La lente révolution du système des castes en Inde, La Croix, septembre 2015.
 [3] L'illusoire révolution des "Intouchables" , Le Temps, décembre 2015.
 [4] Les institutions de l'Inde, encyclopédie Universalis
 [5] Les institutions de l'Inde, encyclopédie Universalis