Rapport du voyage de quatre membres de Gandhi Education auprès de l’association Gandhi Sevam Ashram du District d’Udupi (Etat du Karnataka) et de l’association du Volontariat de Pondichéry et sa région du 2 au 18 février 2023
Karnataka District d’Udupi - Gandhi Sevam Ashram
Deux activités distinctes :
- Les centres de soutien
- L’accompagnement scientifique des High schools (niveau collège en France)
1 Les activités des centres de soutien ont bien sûr été impactées par la pandémie. Cela se traduit par une réduction du nombre de centres de soutien scolaire. Aujourd’hui 5 centres fonctionnent dans des villages reculés et rassemblent 66 élèves (un centre qui avait démarré fin 2022 a dû fermer faute de suffisamment d’élèves).
Nous avons visité les 5 centres avec notre correspondant sur place Déodas Shetty
Amparu 14 élèves
Manipal Manchi 12 élèves
Thallur avec 2 centres 30 élèves en tout
Hale Amasebail 10 élèves (très peu de maisons dans un village assez éloigné à l’intérieur des terres).
Dans chacun nous avons assisté au déroulement de l’activité de soutien.
Nous avons été frappées par plusieurs choses :
- L’engagement des institutrices dont certaines sont là depuis plusieurs années ce qui assure une continuité. Elles sont très impliquées dans l’accompagnement des enfants ( leur petit nombre facilitant cela, même s’ils ne sont pas tous du même niveau )
- L’attitude des enfants qui se prêtent facilement à la répétition des leçons ensemble par exemple en anglais mais aussi aux exercices de maths à faire au tableau à tour de rôle et la récitation des tables de multiplication ou encore à la lecture individuelle de texte en anglais. Tout ceci fait est fait à partir de leurs manuels scolaires
- L’enthousiasme des enfants au moment des activités ludiques : chants, danses, dessins activités manuelles… Bien sûr à chaque visite ils nous attendaient et nous avaient préparé un florilège de leurs talents.
- Ces 66 enfants vont tous à l’école publique dans la journée, en témoigne leurs uniformes, et ils rejoignent le centre de soutien vers 17h.
Les locaux sont restés modestes : une salle au cœur du village avec un tableau et des affiches pédagogiques (alphabet, sciences avec le corps humain), pas de tables ni bancs, les enfants s’assoient par terre en cercle autour de l’institutrice mais cela ne semble pas les gêner pour écrire. Il y a parfois l’électricité mais pas toujours et peu de points d’eau (les travaux qui avaient été envisagé il y a 4 ans n’ont pas pu aboutir du fait de la pandémie. La plupart du temps la salle appartient à la commune parfois à une communauté d’habitants qui a mis la main à la pâte pour créer ou améliorer le lieu mais nous avons du mal à démêler ces différents statuts. Les salles sont souvent bien entretenues et propres, le sol souvent refait avec des dallages, un tableau correct, des affiches et des dessins sur les murs, bref un lieu de vie des enfants où ils semblent à l’aise. Certains bénéficient d’un espace extérieur avec des jeux comme par exemple un terrain de volley vu dans l’un des centres.
2 L’accompagnement scientifique de 12 high schools
Cette action consiste à des démonstrations en physique / chimie venant compléter les cours des enseignants, démonstrations faites par Déodas Shetty lui-même avec le matériel que nous avons commencé à financer il y a quelques années (microscopes, produits de chimie, tubes, matériel électrique etc).
Plus récemment grâce à une subvention obtenue auprès de CDC Développement Solidaire (association liée à la Caisse des dépôts) nous avons financé l’achat de matériels informatiques dont nous avons vu l’utilisation avec notamment des cours à distance que les élèves suivaient de leur classe avec leur professeur.
Nous avons visité plusieurs établissements tous assez proches d’Udupi ce qui facilite les déplacements de Déodas Shetty qui doit, à chaque intervention, apporter le matériel entreposé chez lui car il n’a aujourd’hui ni bureau ni assistant
Plusieurs choses ont retenu notre attention :
- L’assiduité des élèves, la plupart étant des Dhalits ( hors castes ou encore appelés « intouchables »)
- Leur facilité à prendre la parole en public alors qu’ils viennent de milieux extrêmement défavorisés. Ils sont comme beaucoup d’enfants en Inde très souriants et curieux vis-à-vis de nous.
- Les efforts importants faits par l’Etat pour faciliter l’accès à l’école et ceci semble avoir bien évolué depuis notre dernier voyage en 2017. Ces efforts se manifestent par la gratuité totale des cours, uniformes, cantines et matériels scolaires.
- L’engagement des équipes pédagogiques : enseignants et encadrement (directeur ou directrice). Nous y avons trouvé un bon esprit au niveau de l’organisation des lieux, et du déroulement des quelques cours auxquels nous avons assisté. Les élèves participent à de nombreuses tâches concrètes demandées par les enseignants ou simplement dans la vie quotidienne de l’établissement quand il faut déplacer des tables et chaises ou encore laver leur assiette à la fin du repas.
- Les locaux de ces établissements sont tous vastes bien aérés avec une grande cour pour les activités sportives et ludiques et toutes les salles sont équipées de matériel : tables, bancs tableaux etc…
Le Volontariat à Pondichéry (www.volontariat-inde.com)
Avec l’association du Volontariat qui a 60 ans d’existence on change d’échelle de par l’importance des activités et du mode d’organisation
Aperçu du Volontariat : les activités
Education et soin des enfants
Crèche Jardin d’enfants Parrainage éducatif
Classe du soir Activités extra scolaires
Santé et Nutrition
Dispensaire : Médecine et dentisterie Clinique mobile 500 repas par jour pour les
enfants et les personnes âgées
Soins résidentiels
Souriya home : maison Nila Hillam : ferme Amahidi et Thendral Illams
pour les garçons des rues pour les enfants abandonnés pour les personnes âgées
Formation professionnelle et développement des compétences
Section menuiserie / Liège Uyarvu : atelier de reliure Chaboo : fabrique de savon
Atelier Shanti
Tissage Broderie Unité de couture
Touttipakam : la Ferme
Agriculture biologique Culture de la Spiruline Volaille, Vaches laitières, chèvres
Pour rester dans la vocation de soutien et d’accompagnement des enfants des familles pauvres et hors caste de notre association Gandhi Education nous vous rendons compte des activités du Volontariat en direction de ces enfants.
Les enfants parrainés
Le parrainage concerne 1300 enfants soutenus par des familles qui forment les comités de soutien du Volontariat de France et de Belgique. Il se traduit par un engagement financier (de l’ordre de 250 à 300 €/an) sur plusieurs années de la part de chaque famille qui permet au Volontariat d’assurer un accompagnement de chaque enfant pour sa scolarisation, son soutien scolaire journalier après l’école avec ses autres activités (arts martiaux, karaté, yoga, informatique, dessin) et un complément alimentaire à la fin du cours du soir. Pour cela un contrat est passé avec chaque famille qui doit s’engager à laisser l’enfant à aller à l’école. Les familles des enfants sont suivies par le Volontariat et certaines aidées pour leur logement quand celui-ci est vraiment trop précaire (aide à la réfection des toitures, à la restauration du bâtiment et même construction de logement).
Les enfants de la crèche
Ce sont des enfants de familles très pauvres qui souvent ont des emplois journaliers très précaires et peu rémunérés ayant besoin de confier leurs enfants dans la journée. Les enfants sont répartis dans 3 «classes » en fonction de leur âge. Ils sont nourris à leur arrivée le matin. Leur linge est lavé. Ils prennent le déjeuner, font la sieste puis des activités selon leur âge. Leur maman ou papa viennent les rechercher en fin d’après-midi et repartent après un gouter et des vêtements propres.
Les enfants de la ferme
Ce sont des enfants avec de grandes difficultés familiales (alcool, violence…) mis en pension à la ferme pour les extraire de leurs familles (certains enfants sont gitans). On compte actuellement 23 garçons qui vivent en dortoir. Les filles au nombre de 15 sont hébergées plus loin suite à une loi récente interdisant la mixité.
Ces enfants participent aux activités de la ferme le WE et pendant les vacances (élevage de poulets, et agriculture, riz et fruits). Ils ont à leur disposition un très beau carbet au toit de chaume pour des rassemblements, des fêtes, des spectacles, de la musique.
Dans la ferme se trouve une exploitation de spiruline qui sert de complément alimentaire dans les cantines du Volontariat, et dont une partie est vendue par les comités de soutien français et belges. Les algues à l’origine de la spiruline proviennent de lacs volcaniques d’Afrique. Elles sont brassées, essorées à la main, séchées pour devenir la spiruline qui est mise en sac (conseil pour votre santé 8 à 12 grammes maximum par jour).
La maison pour les garçons (Souriya home for boys)
20 enfants de 6 à 18 ans issus de familles ayant de gros problèmes (alcoolisme, violence…), mis en pension dans une maison du Volontariat à Pondichéry. Ils vont à l’école publique et ensuite au centre de soutien scolaire du Volontariat (un car les amène) où il y a un gouter et reviennent à leur maison pour diner et dormir. 15 personnes y travaillent (responsables de la maison, travailleurs sociaux, infirmier, cuisinières)
C’est un placement qui nécessite une autorisation. Chaque enfant a un dossier très complet sur l’histoire de sa famille, les antécédents, son suivi et ses aptitudes. Tous ont des rêves de boulot quand nous les avons interrogés, médecin, policier, militaire, ingénieur, professeur…
Les enfants des trois villages où le Volontariat a commencé à intervenir
C’est pour ces enfants que notre association a commencé à soutenir et à apporter une aide en 2022.
A l’extérieur de Pondichéry deux villages ont déjà un centre de soutien scolaire et un troisième village se prépare à en accueillir.
Ces centres ressemblent à ceux que nous finançons dans le Karnataka. Les différences viennent du nombre d’enfants et de la force du Volontariat pour le développement du village.
Dans le village de Kilingikuppam ce sont 2 groupes de 50 enfants qui suivent le soutien scolaire auquel sont associées d’autres activités ludiques, musicales et de jeux propres à la culture Tamoul.
Dans le village de Salayampalayam en plus du soutien scolaire une crèche a été créée permettant à des groupes de femmes de se former et de se consacrer à des activités économiques. Dans ce même village le Volontariat a financé et installé un matériel de purification de l’eau. Chaque famille a une carte magnétique qui lui permet de débiter 20 litres d’eau potable au prix symbolique de 5 roupies ( 6 centimes). Une femme est embauchée pour gérer le lieu. L’électricité pour cette installation est fournie par les panneaux solaires installés sur le toit. Une salle informatique est en cours d’installation dans un bâtiment jouxtant le lieu de soutien scolaire, possédant des toilettes et des douches. Une autre initiative du Volontariat a été d’organiser un débat public sur la question des ordures car en Inde la rue est le lieu de dépôt des poubelles. Ici le village est propre créant une atmosphère harmonieuse.
Dans le troisième village de Santhikuppam le bâtiment du futur centre de soutien scolaire est en construction, et en attendant une quarantaine d’enfants bénéficient d’activités extra scolaires sur la place du village. Des cartables, des livres et des cahiers ont été distribués aux enfants
Dans ces trois villages un contrôle médical est assuré 2 fois par an par le médecin du Volontariat pour chaque enfant par un diagnostic général permettant de prescrire et donner des médicaments si nécessaires. Si une maladie particulière est détectée l’enfant est amené dans le dispensaire installé dans les locaux du Volontariat à Pondichéry et si besoin à l’hôpital. Un diagnostic dentaire est également fait avec si nécessaire envoi de l’enfant au cabinet dentaire du Volontariat très bien équipé.
Enfants et adultes en apprentissage
Pour les enfants qui ont des difficultés à l’école et qui ne peuvent pas poursuivre leur cursus scolaire le Volontariat assure des apprentissages techniques tels que le travail du bois, la construction de meubles et mobiliers, le tissage, la couture, la broderie. Les ateliers correspondants ont vocation à confectionner des biens qui sont mis en vente, et les former pour qu’ils puissent avoir un maximum de débouchés professionnels.
Certains ateliers servent aussi à former des adultes à un métier autonome. Par exemple sur la couture c’est une formation de 6 mois organisée pour un petit groupe de femmes apprenant toutes les techniques propres à chaque type de vêtements. Pour celles qui ont acquises le savoir-faire et qui veulent ensuite s’installer le Volontariat apporte aide et conseils pour qu’elles puissent acquérir une machine à coudre et assure un suivi.
Enseignements
De cet ensemble d’actions menées pour les enfants des familles pauvres, en grande majorité Dalits (hors caste), nous avons été frappés par la complémentarité des apports et la cohérence que cela représente. L’objectif du Volontariat est de donner aux enfants une maîtrise d’eux-mêmes, une grande fierté, un esprit collectif, une autonomie et de la joie. Associer le soutien scolaire avec des arts martiaux, de la méditation, des pratiques artistiques traditionnelles tamoul, une prévention de santé, un soutien alimentaire, la production de biens d’usage, un esprit d’accueil et de services constitue une démarche éducative très complète qui ouvre sur de nombreuses voies permettant à ces enfants de sortir de leur condition de mépris et d’exclusion due à leur enfermement dans le système des castes, de grande pauvreté et de situations familiales particulièrement difficiles.
C’est tout le sens de l’action que mènent les deux organisations que nous soutenons, très modeste pour celle du district d’Udupi, plus conséquente pour celle du Volontariat de Pondichéry et de sa région, chacune avec le même objectif de libération de situations ancestrales si tenaces.
Autres organisations que nous avons visitées (que nous ne soutenons pas)
Association SHARANA (L’Abri) Pondichéry
Nous avons rencontré la responsable de l’association SHARANA, ce qui signifie l’ « Abri » ou le « Toit » en sanskrit, qui parle un français parfait pour avoir fait des études en France. Elle a pris la suite d’une volontaire de l’ONG Volontariat qui a créé l’asso
Accueil chaleureux et enthousiaste pour présenter les objectifs de l’asso et le travail de toute une équipe très ouverte (professeur-e-s et cuisinières) : c’est une association de développement social et durable tournée vers les plus pauvres ; elle a pour objectif de « donner aux individus les moyens de devenir autonomes et cherche à leur faire prendre conscience de leurs propres forces pour améliorer leur vie» (cf le site).
Les ateliers réalisés au sein de Sharana accueillent les enfants après l’école publique à 17h avec des activités très variées telles que arts, dessin, peinture, formation en informatique et sports ; sans oublier un goûter pour tous. Si nécessaire, Sharana apporte aussi un soutien à la fois sanitaire, thérapeutique et psychologique.
Les locaux sont récents (2019), une belle architecture de briques très bien ventilée de façon naturelle, sur 3 étages, avec de petits espaces verts bien entretenus, conçue par une architecte d’Auroville, avec le soutien d’entreprises mécènes et de la région Occitanie. La qualité des locaux contribue à l’éveil des enfants à l’art et à leur épanouissement par rapport à leur quotidien et à leur logement.
ELANGO RANGASAMY “TRUST FOR VILLAGE SELF GOVERNANCE” POONAMALLE - KUTHAMBAKKAM
Les dernières 24h de notre voyage nous emmènent à 40 km de Chenaï, dans le village Kuthambakkam, village d’Elango Rangasamy (lui-même intouchable) où il est revenu pour agir chez lui, après des études d’ingénieur, ce qui est très rare. Il a organisé son village en une forme ambitieuse de Fondation pour une Gouvernance autonome d’un territoire (Trust for Village Self Governance).
Depuis 30 ans, Elango a mis en place et développé un modèle de gouvernance et de prospérité économique sur un territoire autonome (« panchayat ») de développement durable qui comprend une vingtaine de villages et 3 000 familles parmi les plus pauvres et certaines intouchables.
Les locaux rustiques du lieu proposent des petits bureaux, une grande salle de réunion, une cantine, une cuisine, des ateliers de fabrication pour une production agricole et artisanale très locale et même un laboratoire pour des expériences de chimie et d’électricité.
Elango se revendique avec insistance comme un disciple de Gandhi. Il en conserve le fondement de « non violence » en l’enrichissant au 21ème siècle d’un volet économique majeur.
Elango nous présente d’une part « 30 années de luttes contre la corruption » et d’autre part les conditions pour créer de la « prospérité » pour les plus pauvres, ceux qui n’ont rien, basée sur le progrès continu, par étape et avec pédagogie. Il s’appuie sur l’économie et les ressources locales, villageoises, en réseau, organisées en « cluster » d’activités. L’objectif est que les villageois puissent se nourrir et construire leurs maisons sans dépendre du « marché » extérieur au territoire, en circuit court. 80% des besoins sont couverts par la production des villages ; les productions en excédents sont vendues à l’extérieur ce qui permet d’assurer les 20% restants.
Il oppose son modèle économique au « développement » prôné par le gouvernement central et celui de l’état du Tamil Nadu, basé sur la consommation sans limite du marché capitaliste, la destruction des forêts, la construction de grands barrages, la pollution…
Il développe aussi une « Panchayat Academy » (Académie à l’échelle de la commune) pour les chefs des villages. Il les réunit une fois par mois pour de la formation et des échanges. Il a identifié 3 besoins fondamentaux à améliorer : la nourriture, les vêtements et le logement, déclinés en 17 objectifs. C’est un diagnostic et un travail très précis : une enquête dans chacune des 3 000 familles, visitées par 25 volontaires qui élaborent avec elles un plan d’actions adapté à leurs besoins et leur rythme. Une action de progrès est arrêtée par mois qui sera évaluée ensuite dans chaque famille.
Elango nous fait visiter les différents ateliers de fabrication et les machines ad hoc construites sur place : moulin à riz pour battre le « paddy » (riz complet) pour obtenir du riz blanc, extraction d’huile de cacahuètes et de noix de coco, savons, briques de terre et tuiles, agriculture hors sol (culture hydroponique). Les coques de cacahuètes et les fibres de noix de coco sont réutilisées comme combustible.
Elango nous fait rencontrer le directeur de l’agence de la Bank of India du village, membre de son réseau de personnes influentes et favorables à son action. La banque attribue des prêts gratuits et de courte durée à des femmes ou des groupes de femmes pour développer leurs activités rémunératrices, afin qu’elles ne dépendent plus des hommes (alcoolisme et violence). Le remboursement de ces prêts est presque à 100% sans incident. Nous rencontrons aussi le médecin de la clinique voisine qui soigne gratuitement les villageois ; elle est subventionnée par le gouvernement pour ces soins gratuits.
Pour conclure, Elango nous montre le journal « The Week » qui l’a élu Homme de l’année en 2013, pour toute l’Inde, ce dont il est extrêmement fier, à juste titre.
Il a aussi été interviewé et a raconté son parcours dans le film DEMAIN (2015) de Cyril Dion et Mélanie Thierry.
Compte rendu de la réunion à distance avec Déodas, en Inde, le 24 11 2020
La situation de la pandémie en Inde n’a pas permis à ce jour la réouverture des écoles .Elle pourrait au mieux avoir lieu début janvier 2021 et l’année scolaire serait alors prolongée jusqu‘au mois d’août 2021. Cette fermeture concerne les écoles primaires et secondaires. Donc aucune des activités que nous soutenons ne fonctionne ni les centres de soutien ni le programme scientifique et aucun des projets d’aménagement et d’achats prévus n’ont pu à ce jour être engagés. Déodas va écrire en décembre aux différents collèges intéressées par le programme scientifique.
Les contraintes de confinement empêchent Déodas de circuler dans le périmètre des centres de soutien donc il a très peu de contact avec les familles. Celles-ci privées en grande partie des petits boulots journaliers reçoivent cependant des aides de l’Etat en nourriture (riz) et en argent.
Concernant le virement de notre aide : Déodas n’a pas encore obtenu l’autorisation du gouvernement indien d’ouvrir un compte à la banque centrale d’Inde. Il espère que cela devrait aboutir en décembre 2020. Néanmoins il a besoin d’argent pour se payer un salaire et pour payer les enseignants pour les mois d’octobre, novembre et décembre 2020 et peut être aussi le recrutement de l’assistant .Il doit nous transmettre un état récapitulatif de ses besoins
Pour la suite les perspectives de dépense concernent l’achat d’un véhicule aux alentours de mars 2021 qui serait conduit par un chauffeur (à rémunérer ?) ou l’assistant qu’il va recruter en janvier 2021.
Depuis les dernières factures qu’il nous a envoyées au printemps 2020 il y a eu d’autres dépenses dont Déodas va nous transmettre les reçus.
Concernant l’achat d’ordinateurs pour les centres de soutien il pense que c’est une bonne idée pour renforcer l’apprentissage de l’anglais il est quand même un peu circonspect sur la capacité des enseignants à les utiliser donc à suivre.
Assemblée générale 2020 Gandhi Education - 24 Septembre 2020 Paris
Chers amis
Les évènements de l’année 2020 que vous connaissez bien nous ont contraints de repousser la date de notre assemblée générale initialement prévue en mars dernier le même jour que la pièce de théâtre jouée à notre profit par les 7 de la Cité qui a aussi dû être annulée.
2019 un contexte particulier
L’année 2019 avait commencé avec de nombreuses difficultés côté indien pour recevoir nos dons .En effet le gouvernement du Kernataka a refusé l’autorisation à notre correspondant indien Déodas Shetty de recevoir de l’argent étranger .Ce n’est pas la première fois que cela arrive mais cette fois ci la séquence a été plus longue .J’ai contacté plusieurs associations françaises qui travaillent en Inde et que nous avons rencontrées pour savoir s’ils avaient les mêmes difficultés essayant de démêler s’il s’agissait d’une mauvaise relation locale ,du zèle d’une personne du gouvernement local ou d’une position du gouvernement fédéral beaucoup plus nationaliste que les précédents. Les réponses étaient mitigées mais il apparaît que l’Inde souhaite désormais organiser des regroupements d’associations et que donc la nôtre leur semble modeste.
Pour finir Déodas s’est rapproché , comme la dernière fois que le problème s’est posé ,de DEEDS une association proche que nous avons rencontrée lors d’un de nos voyages qui peut recevoir nos fonds et les transmettre à Gandhi Seva Ashram moyennant une commission.
Cet imbroglio indien a empêché Déodas de lancer les travaux qui avaient été prévus conformément au budget transmis. Ces travaux concernent l’aménagement des centres de soutien et le déploiement de l’action scientifique ( achat de matériel et véhicule pour le transporter ).
Aussi l’année 2019 a été une année de continuité avec le fonctionnement des 8 centres de soutien et les démonstrations scientifiques dans les écoles du district d’Udupi actions pour lesquels nos moyens (dons , les subventions et divers produits) ont permis d’assurer le fonctionnement principalement les salaires des enseignants .
Désormais en 2020 il va falloir attendre que la situation sanitaire évolue en Inde pour que les actions prévues démarrent car les écoles n’ont pas repris après la fin des vacances scolaires fin juin aussi les centres que nous soutenons sont restés fermés .La réouverture des classes est prévue le 1ier octobre. Les quelques informations qui filtrent sur l’ampleur de l’épidémie en Inde ne sont pas rassurantes et Déodas nous disait dans un mail récent que le virus commençait à toucher les zones rurales .
Nos efforts communs
En 2019 nous avons réussi à réunir des moyens conséquents avec vos dons fidèles ( 68 donateurs) , une part de la recette de la pièce de théâtre jouée par la compagnie des 7 de la cité un soir au profit de notre association , la vente des objets fabriqués par Agnès Gorgeu et vendus dans des stands notamment à la Caisse des dépôts avant les fêtes et deux subventions celle de Children and Future et de CDC Solidaires .
Nous étions armés pour accompagner le développement des projets : aménagement des centres de soutien et programme scientifique .Ceci est décalé mais pourra démarrer dès que les écoles seront réouvertes.
Les subventions que nous avons obtenues notamment celle de CDC Solidaire portent sur des investissements pour lesquels nous aurons besoin de nous rendre sur place afin de voir les travaux faits et récupérer les preuves pour nos financeurs .La aussi on attendra que la situation évolue pour envisager ce voyage probablement en 2021 !
Dans cette période chahutée nous avons réfléchi et nous vous soumettons quelques idées dont nous souhaitons débattre avec vous.
Nous souhaiterions pouvoir obtenir de notre correspondant indien quelques éléments de bilan sue la trajectoire des enfants que nous aidons depuis une vingtaine d’années et notamment avoir quelques idées de ce qu’ils sont devenus : combien ont poursuivi des études supérieures ? A l’université ? Où sont-ils installés? Travaillent-ils dans la région ? Ailleurs ?
Nous l’avons déjà évoqué avec Déodas .
De même nous nous interrogeons sur la finalité de ces centres de soutien en nous demandant si les actions pourraient être élargies à des activités de développement de leur autonomie au-delà de l’accompagnement du travail scolaire qui est actuellement bien couvert .Ainsi dans les projets d’équipement serait-il envisageable de les équiper en matériel informatique ce qui suppose que les centres soient connectés à internet.Nous n’en n’avons pas encore parlé avec Déodas on attendra que la situation pandémique évolue mais nous pouvons en discuter ensemble afin de bâtir la suite.
Autre projet prévu en cet automne 2020 nous avons l’accord de l’ISIT ( école qui a réalisé notre site) pour assurer sa traduction en anglais ce qui facilitera les relations avec l’Inde.
Un grand merci à vous tous pour votre engagement fidèle.
Christine Brémond Présidente
Actus novembre 2019
La mise en œuvre des projets contenus dans le programme sur 3 ans, tel qu’il a été présenté (pour mémoire) ci-dessous dans les actus de juin 2019, a commencé.
Soutien scolaire :
Deux nouveaux centres ont été créés portant à 9 le nombre de centre qui bénéficient à 120 enfants avec une équipe de dix enseignants et d’un travailleur social.
Une coordination entre les enseignants est assurée. Tous les centres sont visités régulièrement toutes les semaines ou les 10 jours. Les observations sur l’absence ou les difficultés de certains enfants sont discutées avec les enseignants.
Des réunions avec les professeurs ont lieu chaque mois pour payer les salaires, pour échanger sur les problèmes et les progrès à réaliser dans chaque centre
Concernant l’aménagement des locaux, deux centres administrés par un Gram Panchayat (gouvernement local qui fonctionne au niveau d’un groupe de villages) réclament des améliorations. Les réparations sont assurées par ce Gram Panchayat grâce aux financements obtenus auprès de nos partenaires. Un autre centre qui appartient à un groupe de jeunes nécessite des rénovations importantes qui vont démarrer prochainement.
Concernant l’enseignement de l’anglais indispensable pour atteindre des niveaux supérieurs, outre le travail mené par un des enseignants consacré à cette discipline, notre correspondant Déodas Shetty est en train d’expérimenter des nouveaux modes d’apprentissage nécessitant l’achat d’ordinateurs
Enfin les centres vont être équipés d’armoires de rangement pour les livres, le matériel de sport et autres fournitures scolaires
Education scientifique :
40 écoles sont concernées réunissant 1 200 élèves. Une soixantaine d’expériences scientifiques sont actuellement menées, avec notamment un nouveau jeu d’expérience en physique.
Ces modes d’éducation scientifique sont très demandés. Leur extension va probablement se faire ailleurs qu’à Udupi et dans les villages proches. Une demande a notamment été faite par un agent en charge de l’éducation du Taluk (circonscription territoriale en dessous du district) de Kundapur. Cela concernerait une vingtaine de lycées et écoles primaires supérieures actuellement volontaire pour se lancer dans ces expériences scientifiques.
Une nouvelle unité est donc en train de se créer sur ce Taluk, avec l’achat de matériel et de produits chimiques.
La formation des professeurs et le recrutement d’enseignants scientifiques pour assurer ce mode d’enseignement demande des moyens de fonctionnement et un mode d’organisation conséquents, et surtout se heurte à la difficulté de faire venir des recrues dans des endroits éloignés des grands centres urbains.
L’achat de la voiture pour le transport des équipements scientifiques est prévu en 2020 (En Inde les évolutions se font lentement.)
Nous venons de recevoir des nouvelles de notre correspondant en Inde : Déodas Shetty qui nous transmets le programme pour les prochaines 3 années.
Ce programme doit être présenté prochainement au gouvernement du Karnataka. Il concerne les 2 pans de notre soutien : Les centres de soutien scolaire 2 nouveaux centres sont ouverts à cette rentrée qui en Inde a lieu au mois de juin, avec le recrutement de 2 enseignants supplémentaires.
Un programme d’amélioration des locaux, notamment pour l’électrification, mais aussi en adduction d’eau, sanitaires et ventilation, et d’achat de mobiliers et matériels scolaires est prévu. Dans la note qui accompagne les prévissions budgétaires Déodas insiste sur l’apprentissage de l’anglais indispensable en Inde pour accéder au niveau supérieur et à l’emploi.
Le développement de la découverte des sciences (Physique, Chimie) Nous avons soutenu le démarrage grâce à une première aide de l’association Children and Future en 2017. Le plan est ambitieux, prévoyant d’en faire bénéficier 25 écoles dans un premier temps, et 50 à terme. Pou cela il faut multiplier le matériel de démonstration et les fournitures scientifiques, ainsi qu’organiser leur transport avec l’achat d’un véhicule, et recruter des enseignants / animateurs pour assurer les séances dans les écoles. Cette forte montée en régime correspond à un soutien plus fort de nos partenaires.
En effet nous avons obtenu en début d’année une nouvelle aide de Children and Future de 5000 euros, et venons d’obtenir une aide de CDC Développement Solidaire de 8000 euros. Ces aides vont permettre d’accompagner la montée en puissance des deux pans du programme que nous venons d’évoquer.
L’aide de Children and Future est orientée sur l’achat des mobiliers et matériels scolaires, ainsi que sur l’achat de fournitures scientifiques.
L’aide de CDC Développement solidaire ira sur l’aménagement des locaux des centres de soutien scolaire, sur des compléments d’achat de matériels scientifiques et sur l’achat d’un véhicule.
Notre association Gandhi Education avec l’apport de nos donateurs assurera à continuer à financer le fonctionnement des centres de soutien scolaire et pour le volet scientifique dans les écoles le recrutement des enseignants/animateurs, grâce à des dons qui cette année ont été généreux notamment lors de la soirée Théâtre en avril avec la compagnie les 7 de la cité. Nous allons suivre le développement de ce programme qui débute dès ce mois de juin avec la rentrée scolaire dont nous vous reparlerons à l’automne.